La fibre tient... mais elle est usée par Lise Bissonnette Le Devoir Penetanguishene--Les Indiens de la_ baie Georgienne, méme aprés avoir réglé comme I'on sait le sort des saints Martyrs canadiens, apprirent un peu plus tard dit-on, A parler francais. Aujourd'hui, l'autre bout de l'epopée, sur le pourtour du fort Saint- Marie des Hurons magnifiquement restaur€ par les bons soins du gouvernement ontarien, la fibre fran- caise n'en est pas moins usée jusqu'a rompre. Fils et filles de francophones qui n'ont souvent de leur langue maternelle qu'un souvenir, les Tom et les Lily du moyen-nord de l'Ontario, ont besoin de classes d'im- mersion pour entrer a l'école francaise. Midland, Lafontaine, Perkinsfield, Orillia, Penetanguishene: un chapelet de petits villages et villes auxquels I'hiver donne des airs puritians de Vermont, ou des airs frileux d'Abitibi si l'on sait voir, derriére un affichage trompeur, les milliers de noms frangais. A cent milles a peine au nord de Toronto, ils ne sentent a peu prés pas passer le nouveau souffle de Une collaboratrice Lise Bissonnette redécouvre les communautés canadiennes-frangaises hors du Québec, véritable pélerinage au Cours duquel les représentants des minorités francophones, toujours vulnérables, exposent leurs préoccupations et leurs problémes. la francophonie qui agite la métropole. La télévsion frangaise torontoise ne se rend méme pas jusqu'a eux, sauf ici et 14 par un cable grincheux, et la radio demeure capricieuse. Pourtant, s'accordent dire tous ceux que nous avons rencontré, "Jes choses vont mieux depuis deux ans, nous n'avons plus honte de parler frangais". Encore faut-il le rattraper. A Penetanguishene, "la montagne au sable roulant"' selon l'étymologie indienne, devenue familierement Penetang tout, court, pres de la moitie des 5,500 habitants se declare encore francophone, mais est a toutes fins utiles assimilée. Ce n'en est pas moins la | que l'école élémentaire frangaise fait le plus de progrés, 'augmentant son recrutement malgré la dénatalité et talonnant de prés, avec ses 555 éleves, lécole anglaise. é Et c'est 14 aussi qu'on retrouve, derriere une affiche discrete un "Centre d'activités frangaises' qui s'étonne encore de ses deux ans d'existence écaire. Exigu, sobre par pauvreté avec ses tables aux toiles cirées qui ont servi de "restaurant francais" au recent festival d'hiver de la région, le '"Winterama"' bien stir, il agace les uns et transforme lentement la mentalité des autres, francophones ou anglophones. Il croise toutes les sortes de ténacité. Celle de ses deux responsables, bénévoles 4 plein temps que sont Roland Desroches, un rusé Franco-Ontarien de souche qui se méfie des événques comme des gouvernements et n'arrivera jamais & demordre, et Joan Northcott, une "Anglo-Ontarienne" sans melange qui a pour le frangaise une passion jeune et fraiche n'ayant aucune parente avec les attendrissements des dames patronesses. Celle de Réjane Galbraith, une Québécoise transplantée qui a choisi de rester et anime le contre pour le compte de 1'Association canadienne- frangaise de l'Ontario (ACFO). Celle d-Ursule Maurice, une enseignante de 1'école secondaire bilingue de Penetang, qui publie chaque mois avec des moyens de fortune un petit journal imprime a la ronéo, "Le Gott de vivre'. ae Avant eux, il y avait deja trois écoles elementaires frangaises, 4 Penetang, a Perkinsfield, et 4 Lafon- taine, cet ilot entierement francophone il y a trente ans, quis'est "bilinguisé" depuis avec le tourisme et la télévision anglaise. : Mais le centre travaille sur d'autres terrains, tout en restant préoccupé de l'instrument central qu'est léducation: l'affichage bilingue, les cours de frangais pour francophones en mal de se souvenir ou pour anglophones "qui ont compris'. Les pércées culturelles par le film (un par mois) ou le spectacle (on annonce deja Claude Leveillée pour le primtemps).. La radio locale, butée et renfrognée vis a vis ces phénomenes inusites, se prépare, parait-il, quelques horions bien mérités, sinon une concurrence directe par la création d'une station francophone. L'heb- domadaire, The Penetang Citizen, s'adapte avec zéle aux circonstances: il publie ici et 1a des nouvelles en frangais, parfois a la une, et a dépéché son reporter- Photographe dés l'arrivée du DEVOIR sur les lieux. Enfin la municipalité ne verrait pas d'un mauvais oeil que le gouvernement fédéral vende pour un dollar symbolique son vieux bureau de poste au centre dactivités frangaises qui le transformerait en veritable pole communautaire, pour la region. "C'est notre derniére chance, et c'est parce que les gouvernements y ont mix une piastre qu'elle est venue"', dit Roland Desroches qui ne voit pourtant pas 14 de quoi s'extasier trop vite. Il sent deja, le freinage, celui qu'au_ secrétariat d'Etat on appelle plus pudiquement "'réévaluation"'. Le centre a regu plus de $6,000, De subyentions fedérales la premiere année, pour passer a $4,000 l'année suivante. Cela suffit a peine & payer sa secrétaire a demitemps. M. Desroches est de ceux aui lorgent vers l'autosuffisance et qui talonnent l"ACFO pour qu'elle s'intéresse aux affaires &conomiques autant que culturelles. "Les Franco-Ontariens se sont mis 4 parler anglais parce qu'ils voulainent une petite job, s'impatiente-t- il; ils l'ont encore." Pragmatique, il voit d'un bon oeil l'intérét, ne serait- il que passager, que portent soudain les anglophones a Ja langue anglaise, puisqu'ils amenent ainsi de l'eau au moulin et réveillent les francophones eux-mémes qui perdent leur vieux réflexe de se cacher pour parler frangais. Il a la-dessus de fortes discussions avec Ursule Maurice, un peu deécue de la lenteur des progres et de lenteur des progrés et de l'inertie de ses com- patriotes qui "dovient relever la téte d'eux-m@mes". Cette légére amertume, beaucoup d'enseignants la partatent. _ Lafontaine, a Perkinsfield, 4 Penetang, dans leurs ecoles propres et sages, si étonamment francaises dans le décor (Saint Patrick, Saints-Martyre- Candienns, Saint-Joseph), ils ont tous les memes problémes: la bataille quotidienne pour obtenir des @léves qu'ils parlent francaise entre eux. Ce sont trois religieuses de la Congregation Sainte- Croix qui dirigent ces petites Ecoles. Elles ont le méme diagnostic: les parents ont abandonne. Dés que l'un d'eux est anglophone, I'assimilation est chose faite. Et méme s'ils ont francophones, ils font partie de la génération la plus anglicisée, parce que scolarisee plus longuement a l'&cole anglaise. Au secondarire, en particulier, il y a a peine sept ou huit ans que les cours se donnent partiellement en frangais et m€me le tétu qu'est Roland Desroches a un grand fils qui, au hasard des déménagements et a cause. des exigences Scolaires, est un anglophone unilingue... Aucun enseignant ne blame vraiment les parents. La grande coupable, répéntent-ils A satiété, c'est la télévision. Accompagnant les familles jusqu'au fond des "'concessions"' elle est solidement anglaise et crée irrémédiablement le réflexe de vivre en anglais méme chez les francophones qui voudraient y résister. Les loisirs sont peu nombreux, la télévision est reine et, comme ailleurs, les enfants s'y collent quatre ou cing heures par jour. Roland Desroches "Radio-Canada est impardonnable"', s'indigne soeur Angelina Moreau, qui dirige l'€cole de Penetang avec une énergie que commence resentir » douloureusement 1'école catholique anglaise voisine. Elégante, décidée, elle repousse toute résignation et le conseil scolaire devrait se le tenir pour dit. '"C'est scandaleux, dit-elle, de nous promettre ainsi d'année en année la télévision frangaise et de jamais nous la donner alors que le réseau anglais est installé depuis longtemps dans des villes comme Québec ou il nya peu pres pas d'anglophones et ou ils n'en ont pas besoin." Le fameux "plan acceléré" d'extension du réseau de Radio-Canada devait effectivement les desservir au moins cet été, mais les mesures anti- inflationnistes auront vraisemblablement raison de cet espoir .. encore une fois. C'est pourtant grace a certaines complicités au conseil scolaire que le Centre d'activitiés frangaises et les @coles ont réussi leur plus beau coup, celui des "garderies"' francaises. Elles n'ont de graderies que le uum, et sont en réalité des prématernelles d'accueill aui, 4 raison de deux demi-journées par semaine et avec des budgets portes au compte des cours du soir, font de l'immersion frangaise pour des enfants auxquels leurs parents veulent redonner leur langue maternelle. On y accepte aussi les enfants de véritables anglophones. Jeudi dernier, Mme Northcoot allait en ourrir une quatriéme & Orillia. Tout de méme, réfléchissait M. Desroches aprés avoir vu ces toutpetits 4 la "garderie"' de Perkinsfield, s'amusant en anglais et disant difficulement '"bon- jour", "on se demende si la médaille est vraiment renversée et si on a encore raison de travailler avec autant d'acharnement..."" Pour lui, qui a vécu en Francais envers et contre tous et garde au coin de l'oeil une trace rieuse de certaines batailles plus ou moins "eatholiques"', les deux derniéres années sont a peine un commencement et "un pommier ne peut produire au lendemain de la semence."' C'est cela, la patience. Les ilots francais par Rejeanne Guay-Galbraith Il y a déja quelques semaines, Lise Bisson- nette: reporter du journal québécois, Le Devoir, venait nous rendre visite. A son retour, elle a publié un article 4 propos de notre chez nous qui a pour theme "vivre en fran- cais" et qui s'intitule, tenez-vous bien, "'la fibre tient...mais elle est usée"'. Dans cet article, Lise a su capté notre probleme ou tout au moins notre existence comme francophone sans un chez nous qui sait, la plus part du temps, nbous sounds am SALES SERVICE oublier. Il y 4 matiére a réfléchir. Elle se demande, comme plusieurs d'entre nous, si la francophonie chez nous est assez forte pour renverser |'assimilation qui nous talonne et nous jalonne depuis toujours Elle a su d€nicher les ilts francais tellement fébriles qui, pour utiliser ses mémes mots, "ne sentent 4 peu pres pas passer le nouveau souffle de la francophonie qui agite la métropole"'. C'est vrai, on a @té longtemps dénudé de nos droits S'est-on assez battu contre un gouvernement hargneux et tétu, pas toujours démocratique et humain. On connait bien surtout l'année 1817. On s'en rappelle. A-t-on assez crié, a-t-on assez resiste? C'est du passé, oui, mais n'en souffrons-nous pas encore? Nos €coles, notre francais 4 la maison, au *restaurant, a la plage n'en souffrent-ils pas? Depuis combien longtemps | attendons- nous la télévision fran- caise? Et maintenant que otre espoir est en train de devenir une réalité, y entende des cris -pouvantables de gens de notre region qui essaient lified DIVISION OF MANTRONICS INDUSTRIES de nous dire que Radio- Canada est en train de léser les droits des anglophones en leur enlevant un canal américain (méme pas prouvé) pour mieux servir les francophones Jusqu'a quand la mauvaise farce? Faudra- t-il done tous mourir & petit feu? C'est n'est plus le temps des saints Martyrs canadiens! Ce n'est plus le temps des Louis Riel. '"'Nous som- mes, nous serons" Le Canada est notre pays si ce n'est celui des Indiens Que le Canada nous serve! 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